15 avril 2025
Alors que les mutuelles indiquaient la semaine dernière par voie de presse vouloir lever le pied sur les remboursements des lunettes, Didier Cohen, membre du Bureau du ROF expliquait ce matin dans la matinale d’Europe 1 en quoi une telle proposition, qui éloignerait les Français des professionnels de santé, serait préjudiciable pour la santé visuelle en France.
L’intégralité de l’interview est à écouter sur le site d’Europe 1.
Les mutuelles indiquent vouloir lever le pied sur les remboursements des lunettes en portant à 3 ans le délai de prise en charge.
« Avec cette proposition, le remède sera pire que le mal. » déplore Didier Cohen, membre du bureau du ROF.
« C’est une proposition qui va éloigner les Français des professionnels de santé (opticiens, ophtalomologues, orthoptistes). En espaçant les délais de remboursement, on va espacer les visites et cela va contribuer à faire passer sous les radars les changements de correction , et surtout le suivi et le dépistage. Donc c’est un véritable problème de santé publique. »
« Les complémentaires santé ont basé l’essentiel de leur activité, en ce qui concerne l’optique, sur des garanties ; ça existe aussi au niveau de l’audioprothèse et du dentaire. Les mutuelles complémentaires aujourd’hui insistent sur la prise en charge qu’elles font, en complément de la sécurité sociale.
Mais il faut savoir que pour les équipements optiques hors 100% santé, qui est un cas à part, l’influence de la sécurité sociale est mineure. Elle rembourse 5 centimes à 60 %, 3 centimes par verre et 3 centimes pour la monture, soit au total 9 centimes pour la totalité. Donc les complémentaires santé sont dans leur rôle. En fonction des garanties, elles prennent tout ou partie de ce qui reste, a priori une partie seulement. Elles sont là pour ça et les gens cotisent pour ça. »
« Il faut se battre contre l’idée d’une « surconsommation […]. Si les gens vont consulter, c’est qu’il y a un véritable besoin. J’insiste encore, il n’y a pas de dépense inutile dans notre filière. Tous les gens qui viennent ont des prescriptions médicales. Ou alors, on remet en cause la liberté de prescription des ophtalmologues. »
Sur la question de la fraude :
« Il y a dans notre filière, comme dans d’autres, des fraudes. Le syndicat que je représente travaille aujourd’hui sur une solution detraçabilité qui permettra de vérifier qu’un produit qui a été commandé, a été livré au patient, que ce patient existe, et qu’il n’y a pas de fraude dans notre filière. Dans quelques mois, voire une année au plus tard, on aura une solution à proposer aux complémentaires santé et au Ministère de la Santé. »